César, l’homme qui a vu le centurion qui a vu le gaulois qui a vu le barbare qui a vu … l’ancêtre du Darou il y a 2064 ans !
Dans la Guerre des Gaules, César aborde peu l’environnement des contrées qu’il traverse au cours de ses batailles. Toutefois dans le Livre VI (53 av. J .-C. ), il parle de la faune « qu’on ne voit pas ailleurs » de la Forêt Hercynienne. Cette forêt s’étendait du Rhin à l’ouest jusqu’à l’actuelle Roumanie à l’est. Extrait :
‘‘La Faune
26. Il y a un bœuf ressemblant au cerf(1), qui porte au milieu du front, entre les oreilles une corne unique, plus haute et plus droite que les cornes de nous connues; a son sommet elle s‘épanouit en empaumures et rameaux. Mâle et femelle sont de même type, leurs cornes ont même forme et même grandeur.
27. Il y a aussi les animaux qu’on appelle élans. Ils ressemblent aux chèvres et ont même variété de pelage; leur taille est un peu supérieure, leurs cornes sont tronquées et ils ont des jambes sans articulations: ils ne se couchent pas pour dormir, et, si quelque accident les fait tomber, ils ne peuvent se mettre debout ni même se soulever. Les arbres leur servent de lits : ils s’y appuient et c‘est ainsi, simplement un peu penchés, qu’ils dorment. Quand, en suivant leurs traces, les chasseurs ont découvert leur retraite habituelle, ils déracinent ou coupent au ras du sol tous les arbres du lieu, en prenant soin toutefois qu’ils se tiennent encore debout et gardent leur aspect ordinaire. Lorsque les élans viennent s’y accoter comme à leur habitude, les arbres s’abattent sous leur poids, et ils tombent avec eux.
28. Une troisième espèce est celle des urus(2). Ce sont des animaux dont la taille est un peu au-dessous de celle de l’éléphant, et qui ont l’aspect général, la couleur et la forme du taureau. Ils sont très vigoureux, très agiles, et n’épargnent ni l‘homme ni l’animal qu’ils ont aperçu. On s‘applique a les prendre a l’aide de pièges en fosse, et on les tue ; cette chasse fatigante est pour les jeunes gens un moyen de s’endurcir, et ils s’y entraînent : ceux qui ont tué le plus grand nombre de ces animaux en rapportent les cornes pour les produire publiquement a titre de preuve, et cela leur vaut de grands éloges. Quant a habituer l’urus à l’homme et à l’apprivoiser, on n’y peut parvenir, même en le prenant tout petit. Ses cornes, par leur ampleur, leur forme, leur aspect, sont très différentes de celles de nos bœufs. Elles sont fort recherchées : on en garnit les bords d’un cercle d’argent, et on s’en sert comme de coupes dans les grands festins.’’
(1)
Il s’agirait du renne.
(2) Urus est l’auroch (Bos Primigenius), encore chassé au début du Moyen-Age dans les Ardennes et les Vosges. Il a disparu
depuis le milieu du XVIIe siècle.
Extrait de César, Guerre des Gaules, traduction de L-A Constans, préface de P-M Duval, notes de P. Fabre. Gallimard, Folio Classiques, 1981